Socio sur Seine est un rendez-vous régulier pour discuter de manière
décontractée, à l’occasion d’un déjeuner en bord de Seine, autour de la
sociologie en entreprise.
L’occasion d’échanger et de découvrir d’autres personnes
intéressées par l’utilisation de la sociologie dans le monde
professionnel.
Venez à notre rencontre et parlez de ce qui vous tient à coeur : vos
projets, vos interrogations, vos lectures, vos chantiers d’intervention,
votre pratique de la sociologie dans votre environnement
professionnel… dans une ambiance conviviale et dans un lieu favorisant
des rencontres ouvertes et dynamiques.
Une bonne occasion également pour tisser des liens professionnels avec d’autres adhérents et sympathisants de l’APSE !
L’inscription est obligatoire et les places limitées pour favoriser la convivialité lors du repas.
Après votre inscription, nous vous recontacterons par mail pour vous
indiquer le lieu de RDV dans un restaurant du bord de Seine à Paris.
L’évènement est gratuit, chacun paie son repas auprès du restaurateur qui nous accueille (selon la consommation, compter de 15 à 25 euros par personne).
Tout le monde a son idée sur les patrons. Voire une mauvaise opinion, comme 62 % des Français qui jugent les grands patrons « méprisants » et « autoritaires »(2). « Le patronat est à la fois connu et méconnu », prévient Michel Offerlé en ouvrant sa conférence. Le sociologue a d’abord analysé les organisations professionnelles, avant de passer au crible les « métiers » dans Patrons en France, l’ouvrage collectif qu’il a coordonné en 2017.
Une catégorie diversifiée
« La sociologie s’était peu intéressée à eux, dit-il. Avec des étudiants et confrères, nous avons mené des centaines d’entretiens, sur leur histoire de vie, leur formation, leur métier, mais aussi leurs goûts ou leurs valeurs… Le plus grand dirigeait 100 000 salariés, le plus petit, aucun. » Résultat : « le patron ventru, avec haut- de-forme et cigare » a vécu. Et les quelque deux millions de dirigeants de France (dont 170 000 pilotent une entreprise de plus de dix salariés) représentent une catégorie sociale très diversifiée.
Parmi eux, 40% sont fils d’ouvriers ou
d’employés. « Mais, précise Michel Offerlé,
plus on monte dans la hiérarchie, plus il
y a une reproduction sociale. » C’est une
population plutôt âgée – 37% ont plus de
50 ans – et « en voie de féminisation »,
avec 25% de femmes. « Et surtout, elle
est très étirée au niveau des diplômes :
des autodidactes aux détenteurs d’un
CAP, jusqu’à des bac+5 ou +10. » Cette
forte diversité se retrouve dans les pra-
tiques culturelles – du passionné d’opéra
au fan de séries télévisuelles -, comme
dans les revenus, relève encore le cher-
cheur, « qui passent de 1 à 2 000, avec
des patrons qui ne se payent pas et
d’autres qui gagnent des fortunes ».
Du paternalisme à la distance
Multiple, l’identité patronale commune se définit en partie par la négative, « par des adversaires ou des dégoûts com- muns, note Michel Offerlé. Mais celle-ci s’exprime plus ou moins frontalement selon que l’on dirige une entreprise du CAC40 ou une PME. » La liste est longue des objets de mécontentement, du rap- port à l’Etat ou à l’Urssaf, à l’inspection du travail ou au fonctionnaire (tour à tour « inspecteur » ou « fainéant »), les syndicats (surtout la CGT), et la crainte des Prud’hommes, les banquiers…
« Il y a aussi la complainte vis-à-vis des salariés », complète le sociologue. Les patrons de PME se plaignant de « ne plus trouver de jeunes qui ont envie de travailler »… Ceux du CAC40 ne trouvant pas assez de « soft skills chez les candidats »…
Mais le rapport avec les salariés varie beaucoup selon la taille de l’entreprise. « Certains, à la tête d’une PME, sont hommes orchestre, experts dans leur profession et pilotes d’une équipe mais ne souhaitent pas diriger une ETI, analyse le sociologue. Parmi eux, quelques-uns assument leur rôle de chef, quand d’autres revendiquent une forme de paternalisme, et vont loin dans l’aide à leurs salariés, en cas de handicap ou de deuil »…
Plus la taille de l’en- treprise augmente, moins il est en prise directe avec le social, poursuit le chercheur, « la valorisation des salariés passant par le développement de leurs capacités. Le dirigeant, lui, progresse vers un travail gratifiant et transmet souvent aux RH le « sale boulot » dans la gestion du personnel. Le dirigeant d’un groupe de 50 000 salariés connaît au maximum 200 personnes. »
L’argent, la créativité, le produit
Le plaisir de l’entreprise ? L’argent, pour certains. « Mais pas seulement, plaide le sociologue. D’autres se passionnent pour leur produit, évoquent la réalisation de soi, la créativité. Avoir du pouvoir sur les autres et sur le monde social est sûrement une motivation. » Mais, devant le sociologue au moins, beaucoup préfèrent parler de la compétition, évoquant « l’esprit d’entreprise à la française », avec cette idée que « nous sommes en train de devenir une nation d’entrepreneurs, qui développe un discours fort et un désir d’entrepreneuriat »…
Cela peut-il aussi concourir au renouvellement de la figure du patron ?
(compte-rendu proposé par Chloé Guillot Soulez et Blaise Barbance ; cette conférence-débat a été organisée en partenariat avec l’iaelyon et le réseau REFERENCE RH)
8 personnes invitées par l’APSE ont échangé leurs points de vue en utilisant un protocole d’animation proche du co-développement.
Voici une synthèse de leurs travaux, tout à fait provisoires, à recontextualiser et perfectibles bien entendu, pour alimenter les réflexions des personnes intéressées par le sujet.
Les questions de départ
Dans le cas de l’entreprise présentée, l’objectif de la Direction et de passer de 14 à 8 jours d’absence par an et par agent.
4 questions ont été ciblées :
Peut-on réduire l’absentéisme ? En quoi l’entreprise peut-elle agir sur les absences, les arrêts maladie de son personnel ?
Comment réduire l’absentéisme ? Quels sont les déterminants de l’absentéisme ? Pourquoi les salariés s’absentent-ils ?
Comment mobiliser les directions, les différents niveaux de management sur ce sujet ? Comment traiter ce sujet avec les partenaires sociaux ? Et avec les salariés ?
Les nouveaux modèles managériaux ont-ils un impact sur l’absentéisme ? Qu’en est-il de l’influence des tendances actuelles en matière d’aménagement des espaces de travail (open space, flex office) ?
Quelques éléments de clarification du contexte
La
DG est clairement mobilisée sur le sujet, même si les résultats de l’entreprise
ne sont pas pires que ceux du marché :
le
coût de l’absentéisme est évalué à 140M€ par an
un
dossier d’analyse est en cours au niveau DRH Groupe (par âge, sexe, métier…)
la
question est suivie par la tête du groupe et une attention est portée aux
éventuelles évolutions législatives sur le sujet
De
nombreuses actions existent déjà ou sont en cours :
une
information, assez statutaire pour l’instant, des IRP
un
travail avec des référents RH
un
outil d’auto-évaluation qui permet une photographie et/ou un état des lieux
pour un manager
des
formations à la prévention de l’absentéisme à destination du management
la
réalisation d’entretiens de retours (surtout pour les absences supérieures à 3
mois) afin de faciliter le retour et le maintien dans l’emploi
un
renforcement de contrôles ciblés pour les absences de courte durée (jour de
carence)
des
retours d’expériences dans certaines entités (mais il y a une grande
hétérogénéité)
l’intégration
des résultats liés à l’absentéisme dans la reconnaissance de la performance
individuelle et collective
la
production d’un plan d’actions détaillé et chiffré
Au-delà
des actions engagées, qui peuvent se heurter à des résistances ou des effets
pervers, 3 grandes difficultés sous-jacentes sont identifiées :
le
tabou : le sujet est souvent
évité. De plus, le secret médical et la limite vie pro/perso ne facilitent pas
les choses. Les managers peuvent ne pas se sentir légitimes pour aborder ce
sujet avec leurs salariés.
le
fatalisme : pour ne pas se
sentir coupables, beaucoup se retranchent derrière l’idée que l’on ne peut pas
faire grand-chose. C’est le salarié qui est absent et il est simple de
considérer que c’est de son fait, de sa responsabilité.
les
stéréotypes : certains abordent
le sujet avec des préjugés afin d’éviter toute remise en cause de
l’organisation du travail ou de leur posture managériale. Les salariés absents peuvent
être rapidement considérés comme des tire-au-flanc, désengagés, qui profitent
du système.
Si l’on regarde le problème dans sa globalité, mais sans généraliser, il peut y avoir un certain confort pour les managers, voire même la structure, à considérer l’absentéisme comme un sujet dépourvu de prise, sur lequel il n’est pas possible d’agir.
Considérer que l’absentéisme est de la seule responsabilité de l’absent permet d’éviter de réinterroger sa propre posture de manager, ainsi que l’organisation du travail et les modes de fonctionnement qui en découlent.
Quelques propositions du groupe
Les échanges se sont concentrés sur la question des moyens que l’on pourrait donner aux managers de proximité pour se mobiliser sur le sujet de l’absentéisme.
Voici quelques pistes évoquées par les personnes présentes :
Sur le tabou (risque : on ne veut rien faire)
Simplifier et vulgariser le sujet (termes accessibles dont on peut discuter)
Développer les échanges entre pairs sur ce sujet (partages d’expériences concrètes)
Intégrer ce sujet de manière « délicate » dans l’entretien annuel d’appréciation
Faire prendre conscience des enjeux (coûts, pérennité et qualité de l’emploi, conséquences sur les collègues), responsabiliser
Développer la reconnaissance au-delà de l’aspect financier
Sur le fatalisme (risque : on ne peut rien faire)
Proposer un outil 360° sur le diagnostic absentéisme
Relier ce sujet avec la « vraie vie » (ex : gestion des épidémies de grippe)
Donner la main aux agents (ex : gestion des plannings)
Demander des idées aux managers eux-mêmes
Sur les stéréotypes (risque : on ne sait rien faire)
Vérifier que le manager n’est pas en difficulté
Proposer un jeu d’entreprise qui bat en brèche les idées reçues
Libérer la parole en développant la confiance réciproque
Attention aux directives trop autoritaires qui génèrent des effets pervers
Le concept de régulation conjointe, au sens de Jean Daniel Reynaud, pourrait être utile afin de provoquer des mises en débats et d’identifier de nouvelles pistes d’actions.
Faculté d’Economie et de Gestion Aix-Marseille Université
Ilot Bernard Dubois (IBD)
5-9 boulevard Maurice Bourdet
Marseille 1er arrondissement
(salle 03)
En partenariat entre les Masters RH de la Faculté d’Economie Gestion
(Université Aix-Marseille) et le LEST (Laboratoire d’Economie et de
Sociologie du Travail), l’APSE organise cette année un nouveau cycle de
conférences-débats sur les enjeux et les problématiques actuelles du
travail.
Comment les principes et les modalités d’organisation de l’activité
de travail se transforment-elles aujourd’hui dans les organisations ?
Comment contribuent-elles à modifier les conditions de l’activité des
salariés et les modalités de l’engagement dans leur travail ?
Comment contribuent-elles à déplacer les frontières traditionnelles
du monde du travail et les rapports sociaux de production?
Quelles sont les conséquences de ces nouvelles formes de travail sur
celles et ceux qui le réalisent comme sur celles et ceux qui
l’encadrent ?
Telles sont les questions auxquelles ces conférences-débats cherchent à apporter des éléments de réponse.
Pour la première conférence de ce nouveau cylce, nous recevons Diane Rodet et Luc Sigalo-Santos, pour la présentation de l’ouvrage collectif dirigé par Dominique Méda et Sarah Abdelnour, Les nouveaux travailleurs des applis (PUF, 2019).
Quels impacts les applications numériques et Internet
peuvent-elles avoir sur nos manières de travailler et sur nos statuts
d’emploi ?
En quoi le fait de commander un véhicule via une application
plutôt que par téléphone constituerait la révolution que suggère
le terme d’« ubérisation » ?
Le passage en ligne de la commande de travail a fourni l’occasion à
de nombreuses entreprises de contourner le code du travail, tout en leur
offrant de nouveaux outils de contrôle des travailleurs.
Ces processus sont l’objet d’étude de cet ouvrage de chercheurs en
sociologie et en droit, à partir d’enquêtes sur les chauffeurs et
livreurs, les micro-travailleurs ou encore les chefs à domicile.
Les diverses contributions permettent d’envisager les
plates-formes numériques non seulement comme une innovation technique,
mais aussi comme un nouvel espace où modifier les règles du jeu en
matière d’emploi et de travail.
Cette conférence-débat gratuite est ouverte à toutes et tous, merci néanmoins de vous inscrire pour des raisons logistiques. Inscription en ligne : Cliquer ici